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La transformation, un maillon faible de l’échelle

Ces dernières années, le gouvernement togolais a beaucoup investi dans la production agricole. Mais les efforts consentis n’aboutissent pas encore aux résultats escomptés. Et pour cause, outre les difficultés liées à la production et à la commercialisation, les producteurs agricoles togolais ne transforment pas la grande partie de leurs récoltes.

L’agriculture  togolaise demeure le  moteur  du développement de l’économie grâce aux  potentialités  agronomiques  et  édaphiques  que  recèle  le  secteur  agricole. Elle emploie 96%  des  ménages  ruraux  avec  près  de 54% de  la  population  active. Déjà pressentie comme un  des secteurs porteurs de futurs projets de densification de l’activité économique, tout au long du corridor, l’agriculture togolaise connaît un taux de croissance de l’ordre de 5,8% en 2012 et 6% en 2013. Il occupe déjà une part relative du PIB, oscillant entre 30 et 40% sur les cinq dernières années, contribuant ainsi, de manière déterminante, à la croissance économique, à la sécurité alimentaire et  nutritionnelle, à la création d’emplois, à l’accroisse-ment des revenus des pauvres, à la balance commerciale et au développement de l’agro-industrie. Mais cette agriculture pourrait encore faire mieux si le volet transformation fonctionnait en plein temps. « Le développement d’un pôle de transformation agricole (agropoles) ciblé sur la productivité pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, l’équilibre de la balance commerciale agricole et la création massive d’emplois agricoles restent un grand défi à relever au Togo », explique-t-on dans le document du Plan National de Développement (PND) lancé début mars dernier.

Des agriculteurs dans un champ (archives)

La transformation, l’un des maillons faibles

Selon une étude de la Direction des statistiques agricoles, de l’informatique et de la documentation, seulement 328 villages disposent de décortiqueuses de maïs, soit 9,4%; 204 villages possèdent des décortiqueuses de riz, soit 5,9%; et 215 villages ont des décortiqueuses de café, soit 6,2%. Pratiquement toutes les régions du Togo disposent de décortiqueuses de maïs et de riz. Quant à la décortiqueuse de café, il n’en existe que dans les régions des Plateaux et Centrale. La plupart des villages disposant de décortiqueuses à café dans les régions des Plateaux (98,1%) et Centrale (3,7%) se trouve concentrées à l’ouest de la région des Plateaux et au sud-ouest de la région Centrale.          

Concernant la transformation proprement dite, seulement 1,7% de villages (60) possèdent des unités de transformation de produits agricoles; et une infime minorité, soit 0,2% (8 villages) disposent d’unités de transformation de lait.

Clairement, il y a un déficit au niveau de la transformation. Et visiblement, les autorités en sont conscientes.

Redorer le blason  pour une agriculture performante

Dans le but de développer au Togo une industrie agricole avec des activités de transformation, l’Etat togolais s’est inscrit depuis plusieurs années dans la promotion  et le développement du secteur de l’agriculture.

La promotion du secteur agricole au Togo est actée par des politiques de développe-ment à grande échelle de l’agriculture que le gouverne-ment applique. L’objectif est de faire de l’agriculture togolaise une activité commerciale à forte valeur ajoutée sous l’impulsion des secteurs privés et publics. Le gouvernement a ainsi lancé différents projets qui doivent assurer une transformation de l’agriculture togolaise en un secteur compétitif. Pour cela, les autorités ont en premier lieu tenu à mettre à la disposition des agriculteurs des équipements qui doivent leur permettre d’améliorer leur rendement.

C’est ainsi que dès 2011, l’Etat togolais a lancé un vaste programme destiné à redynamiser et à assurer une transformation du secteur. Dénommé PNIASA, ce Programme a constitué la clé de toutes les actions entreprises dans le secteur agricole. Différents projets tels que le projet d’Appui au Développement Agricole au Togo (PADAT), le Projet d’Appui au Secteur Agricole (PASA) et le Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest au Togo (PPAAO-Togo) ont été lancés sur toute l’étendue du territoire à l’endroit des acteurs du secteur.

Il s’agit de la création annoncée d’unités de transformation et l’ambition du gouvernement de miser sur les produits bios afin de s’adapter à la demande internationale. C’est dans ce sens que le gouvernement multiplie les initiatives. « Aujourd’hui avec tout ce potentiel enregistré, nous avons de nouvelles ambitions. Il est question d’agir sur le segment de la transformation avec l’implication du secteur privé à créer des petites et moyennes entreprises et mêmes des grosses industries agro-alimentaires », avait déclaré l’ancien ministre de l’agriculture le Col Ouro Koura Agadazi, le ministre de l’agriculture du Togo.

Outre la mise en place de plus-ieurs unités de transformations, le gouvernement a lancé égale-ment des usines destinées à transformer les produits agri-coles. Même si leur fonctionne-ment n’est pas encore optimal, ces unités de transformation constituent  l’ébauche vers de grandes entreprises.

Pour couronner le tout, une nouvelle politique agricole dans laquelle la transformation des produits sur place a une place prépondérante en étude. Il s’agit de la mise sur pied des agropoles.

Les agropoles, lien production et transformation…

Cette nouvelle stratégie de promotion des agropoles contribue d’une part au développement de la transformation des produits de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage en produits manufacturés à travers la promotion des PME/PMI et même des TPE, au renforcement des relations entre les activités de production de transformation et de commercialisation de ces produits. D’autre part, elle vise la mise en place d’une synergie de la plupart des acteurs et l’inclusion sociale dans une logique d’amélioration des conditions de vies des populations rurales. En tout, le gouvernement a prévu d’installer 10 agropoles. Trois sont déjà en cours d’installation. Aujourd’hui, l’agropole de Kara est pratiquement terminé.

En somme, la politique de mise en place des agropoles contribue dans un premier temps à la réduction de la pauvreté, principalement en milieu rural avec une réduction de plus de 15% dans les cinq prochaines années (de 68.7% à 53.7%), à la création d’emplois que les statisticiens évaluent à plus de 24.837 emplois dont près de 40% pour les femmes. D’autre part, elle contribue à la création de richesse en milieu rural et à la réduction du déficit de la balance commerciale agricole.

De 1995 à 2012, la population rurale est passée de 2 808 607 à 3 843 049 habitants, soit un accroissement annuel moyen de 1,93%. La population agricole a connu presque le même niveau de croissance (1,92%). Quant à la population active agricole, le rythme de croissance observé est de 1,14%. « La modernisation de l’agriculture balisera la voie pour l’essor des industries de transformation et la multiplication des Petites et Moyennes Entreprises PME/PMI et même de très petites entreprises. Le défi à relever dans ce domaine, consiste à favoriser et à créer de véritables filières de transformation. Cette première étape de la feuille de route vers la prospérité positionnera le Togo comme une force d’exportation  dans notre sous-région. Bien entendu, la structuration des filières existantes notamment,  le secteur agricole, artisanal et industriel et leur réorientation vers l’exportation des produits finis et semi-finis aura le triple avantage d’accélérer la création d’emplois et de l’accroître, de redonner confiance à la jeunesse togolaise et de tirer les revenus vers le haut », avait déclaré Faure Essozimna Gnassingbé il y a quelques mois.

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