« Au Togo, les archives souffrent », DJAKPO Emefa, Directrice du Cabinet « TOP ARCHIVAGE »

0
965
DJAKPO Emefa, Directrice du Cabinet « TOP ARCHIVAGE »

Depuis 2008, le 09 juin est consacrée Journée Internationale des Archives. A cette occasion, nous avons approché Mme DJAKPO Emefa, Directrice du Cabinet « TOP ARCHIVAGE ». Titulaire d’un Master en Sciences de l’information documentaire option Technologie de l’information, elle est l’une des rares femmes à exercer ce métier au Togo. Dans cette interview, Mme DJAKPO relève l’importance des archives, la nécessité de les confier à des professionnels et adresse un message aux autorités.

        1- Pourquoi avoir choisi cette profession ?

Comme tout bon parent, mon père avait une vision, celle de me voir réussir dans un métier en perspectives compte tenu de l’évolution technologique.  C’est dans cette optique qu’il m’envoya à l’EBAD où j’ai découvert les innombrables opportunités du métier d’où est née ma passion. J’ai donc choisi finalement ce métier incompris par certains mais pour lequel je me bats pour un avenir meilleur.

2- Vous êtes l’une des rares femmes à se battre pour la valorisation de la profession au Togo et en Afrique. Vous êtes aussi au sein de l’association des Archivistes au Togo. Quelles sont vos attributions. Parlez nous des activités menées par l’association et celles en cours de préparation.

Il faut dire que je suis celle qui dérange et fatigue beaucoup, sinon il y’a d’autres femmes qui font de leur mieux pour la valorisation de ce métier comme le Réseau des Femmes Bibliothécaires ,Archivistes et Documentalistes dont je salue la présidente Mme Fabeye NDIAYE qui a su allumer en nous les femmes cette flamme de réussite et de valorisation de notre métier .

Je suis membre de l’Association Togolaise des Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes (ATBAD) et dans le bureau exécutif, je suis la chargée à la communication et à l’information. J’ai cette lourde tâche de faire connaître nos différents métiers à la population Togolaise.

La majeure activité est la formation et le recyclage des professionnels sur plusieurs thématiques comme le numérique et le monde archivistique; la rédaction et le pilotage d’un projet de bibliothèque; la prise de parole en public; Procédures et outils de gestion des archives; Comment réussir le processus d’un recrutement, et tout dernièrement la Dématérialisation et archivage numérique. Nous avions prévu une conférence pour le 9 juin 2020 mais compte tenu de la situation sanitaire les activités se sont déroulées sur notre plateforme whatsapp avec les intervenants. Certaines de nos activités n’ont pas été réalisées à cause de la crise sanitaire.

Nous avons un problème de loi au Togo. L’association a donc continué avec des rencontres auprès de notre ministère de tutelle et l’Assemblée Nationale pour expliquer l’importance de l’adoption de cette loi dans la vie de nos différents métiers.  Ressortant aussi le problème du chômage, des rencontres ont été effectuées auprès des autres ministères. Des discussions sont en cours pour aboutir à l’augmentation des recrutements dans cette catégorie et pour d’autres sur des partenariats. Etant dans les dernières semaines de notre mandat nous allons célébrer la semaine internationale des archives, préparer l’Assemblée générale et procéder à l’élection d’un nouveau bureau.

“Il faut dire que les archives semblent un peu méconnues dans notre pays et ceux qui en ont une idée ne s’efforcent pas à sa valorisation. Nos archives souffrent mais nous avons la foi que bientôt  elles seront sauvées”

DJAKPO Emefa, Directrice du Cabinet « TOP ARCHIVAGE »

3- Comment décrivez-vous votre métier à des non-archivistes ?

C’est le travail le plus facile et difficile à la fois. J’essayais au début de les amener à avoir une idée à travers des questions simples sur eux et à la fin mon message passe. La plupart du temps je leur dis que mon travail est  collaboratif donc en communion avec eux .Mon métier leur permet de mettre de l’ordre dans leurs activités, de connaitre l’importance de chaque document produit pour savoir quoi garder ou éliminer. Je leur explique que mon métier leur facilite le travail et leur permet d’avoir une  meilleure productivité.

4- Pourriez-vous nous décrire la situation des archives et des Archivistes au Togo ?

Il faut dire que les archives semblent un peu méconnues dans notre pays et ceux qui en ont une idée ne s’efforcent pas à sa valorisation. Nos archives souffrent mais nous avons la foi que bientôt  elles seront sauvées. Notre Direction de la Bibliothèque et des Archives Nationales (DBAN) fait de son mieux pour la valorisation des métiers. La loi sur les archives n’est pas encore votée ce qui laisse encore plus dans le noir le métier et ne nous aide pas à donner une meilleure image du métier et à régler le problème de chômage qui pousse certains professionnels à se reconvertir.

Nous n’arrivons pas à nous faire une bonne image de nous -même. Nous donnons l’occasion à la population de toujours nous dévaloriser.  J’ajouterai aussi qu’il faut que  l’association, la direction des archives et les quelques acteurs du domaine se mettent  ensemble  afin de favoriser et faciliter l’exercice aux archivistes sur le terrain. Il faut noter que  les archivistes n’arrivent pas  à accéder à des postes de responsabilité ce qui pourrait être d’une grande utilité.

5- Mot de fin

Je vous remercie sincèrement pour l’opportunité offerte à ma personne et mes activités. Chers professionnels, ce n’est pas parce que nous ne sommes pas valorisés que nous devons être démotivés. Prenons confiance, continuons la sensibilisation et donnons le meilleur de nous-mêmes. Avec les nouvelles technologies et les nouveaux métiers nous devons nous démarquer. Devenons le meilleur dans nos domaines. Ne restons pas figés dans notre métier, ajoutons toujours de nouvelles compétences. Dans nos entreprises intéressons nous au travail des autres collègues, ce qui les motivera à nous accorder en retour une écoute. En tant qu’archiviste, nous devons envahir tous les secteurs, révéler les insuffisances afin de convaincre par nos apports. Tous ensembles, main dans la main, nous ferons connaître notre métier.