Le dimanche 10 mai 2020, sur les 20 nouveaux cas confirmés de Covid-19 au Togo, 19 sont des détenus. Sur les 174 cas confirmés dans le pays, ils sont au total, 22 détenus infectés selon de sources concordantes. Une information qui fait froid dans le dos au regard de la situation de certaines prisons du pays. Si des dispositions ont été prises afin de lutter contre la propagation du Coronavirus dans le milieu carcéral, elles restent insuffisantes.
Le Togo compte 14 prisons civiles. Début mai, l’effectif des détenus dans ces prisons étaient de 4281. Normalement, elles ne devraient accueillir que 2881 prévenus. Un large dépassement du taux d’occupation qui inquiète en cette période de crise sanitaire. A titre d’exemple la région maritime compte cinq prisons civiles : Tsévié, Vogan, Lomé et la Brigade des mineurs. Début mai, dans ces cinq prisons, le nombre de détenus était de 2117soit un taux de dépassement de l’occupation de 49,30%. La prison civile de Lomé construite pour environ 660 détenus en compte 1 400 aujourd’hui et ce après la grâce présidentielle du mois d’avril qui a permis la libération de 400 détenus dans cette prison.
En cette période de pandémie, cette situation inquiète les proches des prisonniers. « On ne peut que s’indigner de l’autoclave dans lequel on a placé détenus comme surveillants. En cette période où les mesures générales prises pour la population furent celles du confinement et de la distanciation sociale, la promiscuité maintenue des détenus questionne », s’offusque un homme dont un proche a été incarcéré en mars dernier.
En effet, la surpopulation des prisons pourrait notamment entraîner une propagation virulente du coronavirus entre détenus et surveillants. Le désengorgement des établissements pénitentiaires apparaît dès lors comme plus que jamais d’actualité. A cet effet, « au moins 1400 détenus doivent être graciés », indique une source proche de l’administration pénitentiaire.
Il y a quelques jours, des organisations de la société civile avaient demandé « qu’un mécanisme juridique soit trouvé afin de rendre la liberté à certains prisonniers ». Après l’annonce de la contamination des 19 personnes dans la prison, il y a urgence.
Mais en attendant, dans toutes les prisons, il faut prendre des mesures urgentes à savoir : une désinfection générale, mise à disposition des masques de protection pour les prisonniers et les gardiens, des gants, des gels hydro-alcooliques, des bottes et des combinaisons pour le personnel pénitencier, l’installation des système de lavage des mains et le dépistage systématique de tous les prisonniers et le personnel pénitencier.
