Le centre hospitalier préfectoral de Tchamba, est l’un des symboles des problèmes auxquels les hôpitaux publics sont confrontés au Togo. Pendant plus de 13 ans, le service de radiologie et d’imagerie médicale de cet hôpital a dû fermer ses portes. Et pour cause, le matériel utilisé était tombé en panne. Après plusieurs tentatives infructueuses de réparation, il a fallu 13 ans d’attente pour qu’il soit changé.
Tchamba, une ville située à 35 Km à l’est de Sokodé, au nord du Togo. Chef-lieu de la préfecture du même nom, à ce titre, elle dispose d’un Centre hospitalier préfectoral (CHP).
Treize ans après, le service de radiologie rouvre
Faute de matériel, le service de radiologie et d’imagerie médicale de l’établissement sanitaire a dû fermer ses portes. L’ancien matériel est tombé en panne en 2010. Une panne du générateur suite à une baisse de tension que les responsables n’ont jamais réussi à réparer. « La direction d’alors avait fait des démarches pour que la panne soit réparée. Un compteur avait été installé uniquement pour le service, des câbles ont été changés, mais le problème a persisté », a expliqué Digbèrègou Aminou, technicien de la radiologie dans cet hôpital.
Depuis 2010, les patients sont obligés de se rendre au centre hospitalier régional de Sokodé, à 35 Km de Tchamba, pour faire la radio. « Vous imaginez des patients qui sont grabataires au lit, et qu’il faut déplacer à plus de 35 km pour réaliser ces examens. C’est pénible », a déploré un ancien responsable sanitaire local. « A cause de l’absence de radio, les gens ont dû se faire hospitaliser directement au CHR ou dans d’autres cliniques de Sokodé où la radio se fait sur place. Tout ceci pour éviter de faire les allers retours, sans parler des moyens financiers, avec les risques liés aux accidents de circulation liés à l’état de la route », a confié un enseignant retraité venu à l’hôpital pour des soins.
C’est finalement en janvier dernier que le service a rouvert ses portes au grand soulagement des patients et du corps médical.
Soulagement pour le corps médical et les patients…
Pour le directeur du Centre hospitalier de Tchamba, Dr Raymond Kutowogbé Yawo, la radio c’est un moyen de diagnostic incontournable. « Elle nous aide beaucoup à découvrir ce qui se passe au niveau de la poitrine et des poumons, et nous montre la conduite à tenir. Dans les traumatismes et tout ce qui concerne les os, c’est la radio qui nous dirige également, et c’est une grande joie pour nous d’en disposer désormais pour mieux faire nos prestations de soins » a-t-il confié.
Au-delà des avantages sur le plan médico-chirurgical, le directeur explique que sur le plan financier, la radio contribue à l’augmentation des recettes de la structure sanitaire. « Quand les accidentés, à cause d’une seule radio doivent parcourir une longue distance pour aller à Sokodé avec une route en piteux état, ça décourage. Quand la radio est sur place, la population gagne beaucoup et le centre également », a-t-il souligné. « Les patients vont dépenser moins pour faire la radio parce que les frais de déplacement Tchamba-Sokodé sont supprimés et le patient peut les utiliser pour sa prise en charge », a insisté Dr Wasungu Ditorguen, Directeur préfectoral de la Santé de Tchamba.
Du côté des patients, c’est enfin la fin du périple Tchamba-Sokodé pour les questions de radio. « Il était temps. J’ai reçu le bulletin d’analyse qui demandait une radiologie, et je me plaignais en pensant à ce long trajet qu’il fallait parcourir pour la faire à Sokodé, avec l’état défectueux de la route et ma santé fragile. Je viens d’apprendre que le service est désormais disponible sur place. Je suis soulagée », a confié une patiente, son bulletin d’analyse en main.
Au Togo, plusieurs hôpitaux restent dans le même cas que le CHR de Tchamba. « A mon dernier poste avant d’arriver à Tchamba, c’est la même marque qu’ils ont essayé de réparer en vain. Ils ont tenté, ils ont envoyé des techniciens de cette marque à l’époque pour réparer ces radios mais le résultat est toujours négatif », a souligné un ancien responsable.
Depuis la réouverture, selon le technicien de la radiologie, le service a accueilli plus de 200 patients. Dans les prochains jours, l’hôpital compte aussi se doter d’un appareil d’électrocardiogramme et un échographe. « Nous sommes, petit à petit, en train de redorer le blason du plateau technique du CHP. Très bientôt, nous aurons un appareil d’électrocardiogramme qui va permettre de favoriser et de faciliter le diagnostic de certaines pathologies cardiorespiratoires chez les patients. Nous envisageons également acquérir un échographe et élargir le plateau technique au niveau du laboratoire au cours de cette année », a annoncé un responsable de l’hôpital.
Augustin Amegandjin avec Atop
