Depuis le 20 mars D2020, l’Université de Lomé a fermé ses portes suite à la décision de fermer les établissements scolaires prise par le gouvernement visant à lutter contre la propagation du coronavirus. Exceptionnellement, certains étudiants en situation difficile ont été autorisés à rester sur le campus. Alors que la plupart financent leurs études grâce à des petits jobs, nombreux sont ceux qui se retrouvent en difficultés. Comment la vie s’organise-telle dans la cité U où ils sont confinés ? Reportage !
Ils sont 60 étudiants nationaux et 85 étudiants étrangers (Bénin, du Burkina Faso, du Burundi, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, de la Guinée, de la Guinée Équatoriale, du Mali, du Niger, du Nigéria et du Sénégal) confinés sur le campus de l’Université de Lomé, à la condition d’observer les mesures-barrières et d’être soumis au principe de confinement total. Dès lors que la décision de fermeture de l’Université de Lomé a été prise, « l’autorité de l’université a décidé de garder en cité universitaire des étudiants nationaux et des étrangers qui étaient en situation difficile », explique Prof Joseph Koffi Tsigbe, Directeur du Centre des œuvres universitaires de Lomé (COOL). En effet, avec la restriction des déplacements entre les villes et l’interdiction des transports en commun, certains étudiants venus des localités reculées du pays ont été lourdement affectés. D’où la décision de les garder en cité universitaire.
Un quotidien morose…
Entre espace restreint, promiscuité et solidarité, ces étudiants habitués à une autre vie doivent désormais s’adapter. « Je me suis fait un planning conciliant la révision et les moments de détente (films, séries, jeu etc.). C’est très important pour ne pas céder à l’anxiété. Le challenge était de s’y tenir. Mes journées commencent vers 10-11 h, chose qui aurait été impossible en temps normal (c’est peut-être un des points positifs de ce confinement). Je révise mes cours, discute avec mes camarades, on fait aussi des jeux. C’est pratiquement le même planning tous les jours», raconte Christophe, étudiant en Droit, parcours Licence. Christophe, originaire de Dapaong n’a pu rejoindre ses parents.
Un quotidien morose, compliqué à vivre pour ces étudiants. « La première semaine j’avais du mal à m’organiser, mais à la deuxième, j’ai essayé de faire de mon mieux pour passer au moins deux heures de révisions en journée et deux dans la nuit. Le plus dur je pense, c’est d’arriver à me concentrer, m’accorder une discipline », ajoute Mawussi, étudiante en Anglais qui a choisi de rester sur le campus pour des raisons «personnelles ».
« La première semaine j’avais du mal à m’organiser, mais à la deuxième, j’ai essayé de faire de mon mieux pour passer au moins deux heures de révisions en journée et deux dans la nuit. Le plus dur je pense, c’est d’arriver à me concentrer, m’accorder une discipline »
Mais la principale préoccupation reste la nourriture. Au début du confinement, les étudiants confinés ont bénéficié de deux repas par jour au restaurant universitaire. Mais une semaine après le restaurant a été fermé. Ils sont alors appelés à se débrouiller. « Les autorités universitaires étaient claires dès le départ sur la prise en charge. Elles ont explicitement indiqué qu’elles ne peuvent pas nous prendre en charge totalement », explique Mawussi.
La vie sur le fil…
C’est alors que l’Université de Lomé a lancé un appel aux bonnes volontés pour l’aider à supporter les besoins de ces étudiants. « Après l’arrêt des repas au restaurant, l’Université nous a distribués du riz, de l’huile et des conserves. C’est tout », confie Christophe. Les étudiants doivent donc attendre la réaction des bonnes volontés pour se nourrir.
Plus grave, avec l’instauration des mesures pour lutter contre la propagation de la Covid-19 notamment le couvre-feu, la plupart de ces étudiants ont perdu leurs petits jobs. « Nous avons de la peine à trouver à manger. Nous attendons les dons de part et d’autres pour subvenir à nos besoins », déclare dépité Mawulolo Kodjo, Délégué de l’Amphi U où les étudiants sont confinés. « Nous n’arrivons plus à mener nos petites activités. Par conséquent, nous avons des difficultés sur le plan financier», témoigne Ossara, étudiante en Droit, originaire de Kanté.
« Nous avons de la peine à trouver à manger. Nous attendons les dons de part et d’autres pour subvenir à nos besoins », déclare dépité Mawulolo Kodjo, Délégué de l’Amphi U
Comme susmentionné, à l’appel de l’Université de Lomé, plusieurs associations ont répondu favorablement. «Globalement, nous pouvons dire que grâce au concours des uns et des autres la situation est plus au moins vivable pour ces étudiants », assure Prof Joseph Koffi Tsigbe.
Au nombre des associations, institutions et organisations qui ont apporté leurs aides aux étudiants confinés figurent AIMES-AFRIQUE. En effet, le mardi 02 juin, le club estudiantin AIMES AFRIQUE, a fait don de 51 kits en vivres et non vivres aux étudiants de l’Université de Lomé confinés. « Il s’agit d’une part, d’un geste de solidarité à l’endroit des compatriotes en situation de vulnérabilité et, d’autre part, soutenir les efforts des autorités de l’UL dans la prise en charge des camarades étudiants », affirme la Présidente du club AIMESAFRIQUE/UL, Majoie Tchilalo Bouwassi.
Face à ce confinement de plus en plus difficile à vivre pour les étudiants, ils souhaitent une fin rapide de la crise sanitaire. «Dieu nous aide pour que cette pandémie finisse le plus tôt possible, pour qu’on retrouve rapidement nos petits jobs et notre vie normale aussi précaire soit-elle », souhaite Mawulolo Kodjo. Un souhait réitéré par le Directeur du Centre des œuvres universitaires de Lomé. « Nous prions que cette situation sanitaire puisse être jugulée le plus tôt possible et que la vie à la normale puisse reprendre », a-t-il soupiré.
SOCIAL INFOS N°042 DU 08 AU 21 JUIN 2020
