Agriculture : Un intérêt croissant pour la filière manioc

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Des tubercules de manioc

Malgré une production qui ne cesse de croître, passant de 908 755 tonnes en 2011 à 1 117 880 tonnes en 2020, le manioc reste peu valorisé économiquement. Le gouvernement togolais entend faire le nécessaire pour remédier à la situation. De la production à la transformation en passant par la vulgarisation de nouvelles variétés, l’exécutif multiplie les initiatives.

Le manioc, considéré par le passé comme une culture de soudure, est devenu une culture de rente depuis la production avec des produits dérivés. Il est produit dans les régions maritime (Zio, Vo, Aného, Avé, …), Plateaux (Kloto, Wawa, Agou,Haho, Amou, Akebou, …), Centrale (Blitta, Soutouboua, Mô, …) et Kara (Assoli, Kozah, Bassar, ..). Selon le Ministère de l’Agriculture, «parmi les plantes à racines et tubercules, le manioc est la première spéculation la plus cultivée (52%) suivie de l’igname (46%) au Togo ».  Ces dernières années, la production n’a cessé de grimper passant de 1 052 518 tonnes en 2018 à 1 117 880 tonnes en 2020.

Cette augmentation de la production est le fruit des différents projets dont la filière a bénéficié ces dernières années. Il s’agit notamment « Projet d’initiative présidentielle pour le développement de la filière manioc au Togo, Projet Plante à Racine et Tubercule (PRT), Projet d’appui au développement agricole au Togo (PADAT) ; Projet d’Appui à l’Employabilité et à l’Insertion des Jeunes dans les Secteurs Porteurs (PAEIJ-SP) ; Programme d’appui au développement à la base (PRADEB) ;Programme National de la Plateforme Multifonctionnelle (PTFM) », indique le département en charge de l’Agriculture.

Toutefois, l’importance économique du manioc reste bien inférieure à son rôle prépondérant dans l’agriculture et l’alimentation. En effet, les tubercules ne se conservent guère plus de deux jours dans les conditions habituelles de stockage. Par conséquent, elles  doivent rapidement être transformées. « C’est généralement le travail des femmes qui rouissent, râpent, sèchent les racines. Des manipulations pénibles et longues, surtout dans les zones rurales où elles ne sont pas mécanisées, et qui ne sont pas valorisées par les prix de vente souvent bas du produit final », le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR) dans un document.

Inauguration de l’usine de transformation de manioc de Kamina, Jeudi 20 mai 2021

Il ne suffit donc pas de produire, il faut aussi transformer. Et le gouvernement togolais semble déterminé à relever ce défi. Le 20 mai dernier, La cheffe du gouvernement, Victoire Tomégah Dogbé a officiellement inauguré à Kamina (Région des Plateaux), une unité de transformation de manioc de la Nouvelle société de commercialisation des produits agroalimentaires (NSCPA). Cette amidonnerie est la première du genre au Togo.  D’une capacité de production journalière de 50 tonnes, l’infrastructure a bénéficié du soutien du Projet d’appui à l’employabilité et à l’insertion des jeunes dans les secteurs porteurs (PAEIJ-SP) et d’un financement de 1,3 milliard FCFA. L’ojectif est clairement de booster la transformation de ce tubercule.

Aussi, cinq unités de production de gari, implantées dans la préfecture du Vo, entreront dans les jours à venir dans leur phase opérationnelle, a indiqué début mai le Mécanisme incitatif de financement agricole (Mifa). Non loin de là, dans la préfecture des Lacs, le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud) a annoncé son intention d’investir 50 millions FCFA dans la mise en place de deux unités de transformation de manioc dans à Tokpo et Atigbé. L’appui, a indiqué l’institution onusienne, doit permettre aux groupements de femmes qui en seront bénéficiaires, de mieux « valoriser » leur travail.

Mais la transformation n’est pas le seul défi de cette filière en quête de compétitivité. En effet, les producteurs du manioc doivent font face à d’autres contraintes notamment « les difficultés de marché, le manque du matériel de plantation (semences) et de variétés précoces et performantes » note entre autres, le Ministère de l’Agriculture. Il est donc important indispensable de trouver des solutions à toutes ces difficultés.

C’est à ces conditions que non seulement la filière du manioc jouera son rôle d’assurance alimentaire, mais deviendra aussi un moteur du développement rural. Un juste retour des choses pour les producteurs qui ont si largement étendu leur production.