En Afrique, la quasi-totalité des vaccins utilisés sur le continent viennent d’ailleurs. Seulement 1 % des vaccins administrés sont produits localement. Le continent souffre d’une indépendance de vaccins. Une situation que l’Union Africaine (UA) veut absolument corriger.
La mission a été confiée au Centres de contrôle et de prévention des maladies en Afrique (CDC AFRIQUE). Pour prendre le pouls de ce défi, l’agence de santé publique de l’Union africaine et Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) ont organisé en février dernier en partenariat avec d’autres acteurs un forum sur la chaine d’approvisionnement des vaccins en Afrique.
« La réunion de trois jours a été consacrée à l’évaluation des défis de la chaîne d’approvisionnement en intrants africains, en utilisant ces informations fournies par des experts pour développer et renforcer la fabrication de vaccins existante en Afrique. Le forum nous a aidé à comprendre ce qui doit être fait. Nous passons maintenant à la façon dont cela peut être réalisé », a indiqué le CDC Afrique.
L’objectif fixé par l’UA à CDC Afrique est de faire passer la production locale des vaccins actuellement de 1% à 60% en 2040. « Pour atteindre cet objectif, il ne suffit pas d’accroître la capacité de production : il faut une chaîne d’approvisionnement résiliente et durable pour les nombreux matériaux spécialisés qui entrent dans la fabrication des vaccins », a expliqué l’agence de l’UA.
« Parmi les défis liés à la fabrication des vaccins figure le volume considérable de matériaux d’entrée nécessaires à la production d’un vaccin. Jusqu’à 500 produits uniques sont nécessaires à la fabrication d’un seul type de vaccin. Des sacs en plastique stériles, des connecteurs et des filtres aux consommables et matières premières à usage unique, la liste est longue. Il devient donc vite évident que la gestion de la logistique d’approvisionnement et de livraison de ces matériaux sur tout le continent n’est pas une mince affaire », ajoute-telle.
Pour relever le défi plusieurs pistes de réflexions sont explorées. Il question notamment du renforcement de la collaboration entre les fournisseurs et les fabricants, l’achat des matériaux critiques, le développement d’un système en ligne partagé pour rationaliser les achats et la collaboration entre les fabricants, et la diversification de la production en ajoutant des produits de remplissage et de finition, comme l’insuline, pour soutenir les entreprises et éviter la dépendance à un ou deux produits.
Selon l’Organisation mondiale de la santé Afrique, les capacités actuelles sont modestement étendues avec une absence flagrante de capacité à grande échelle (moins de 100 millions de doses). La plupart des pays africains sont approvisionnés en vaccins par l’UNICEF, avec le soutien de Gavi l’Alliance du vaccin, avec moins de 10 pays qui sont auto-suffisants en termes d’acquisition de vaccins.
« Le principal obstacle est la façon dont les marchés de vaccins sont structurés en Afrique. Sans l’engagement et le soutien à l’achat de vaccins fabriqués en Afrique, il sera toujours compliqué de construire une industrie durable capable de produire des doses de vaccin à l’échelle suffisante. C’est là que les gouvernements africains, les organisations continentales telles que l’Union africaine et d’autres parties prenantes peuvent faire la différence », a déclaré l’organisation avant d’ajouter que « la fabrication de vaccins est complexe et nécessite d’énormes investissements financiers ainsi qu’une vision à long terme. C’est une course de fond, pas un sprint. Il faut commencer en ayant la fin à l’esprit, c’est-à-dire le marché du vaccin en Afrique et la façon dont l’acquisition et l’approvisionnement des vaccins se fait actuellement. Il faut se concentrer sur les problèmes centraux, tels que l’innovation financière, permettre les capacités réglementaires régionales d’assurer la qualité et des éléments techniques critiques parmi lesquels le développement des compétences, le transfert technologique et les partenariats pour le développement de produits, ainsi que la conception et l’établissement d’un mécanisme de bonnes pratique de fabrication ».
