La stupeur a saisi le monde entier le samedi 19 décembre dernier, quand les autorités britanniques ont décidé de reconfiner Londres et le Sud-est du pays en urgence, avec déplacements interdits. En cause, la propagation d’une variante du Covid-19 en Angleterre qui préoccupe les organismes scientifiques et sanitaires du pays. Les virologues britanniques estiment que cette mutation du virus, baptisée B.1.1.7, est apparue mi-septembre à Londres.
Une autre variante très proche, mais vraisemblablement sans rapport a été observée à peu près au même moment en Afrique du Sud. Cette variante n’est à ce stade décrite que comme « une variante similaire » à la souche B.1.1.7 par le ministre de la Santé sud-africain Zwelini Mkhize, dans un communiqué. La nouvelle variante de coronavirus détectée en Afrique du Sud semble se transmettre plus rapidement que les souches plus anciennes, ce qui pourrait expliquer la soudaineté de la deuxième vague dans le pays, avancent les chercheurs qui l’ont identifiée.
Même inquiétude en Europe où le Royaume-Uni a tiré la sonnette d’alarme. « Ce nouveau variant est hautement préoccupant, parce qu’il est plus contagieux et semble avoir muté davantage que le nouveau variant qui a été identifié au Royaume-Uni », a ainsi annoncé le ministre de la Santé Matt Hancock. En effet, une étude menée par plusieurs chercheurs britanniques et publiée sur le forum scientifique Virological.org, laisse entendre que cette forme du Covid-19 serait plus contagieuse.
Mais, le Mardi 22 décembre 2020, des experts américains ont débuté des premières études sur la nouvelle souche du coronavirus et selon ces dernières, il n’y a aucune preuve d’une contagiosité plus élevée. « Il n’y a pas de preuve tangible que ce virus soit effectivement plus contagieux », mais « il y a des preuves claires qu’il est plus répandu dans la population », a fait savoir Moncef Slaoui, le conseiller principal du programme gouvernemental de vaccination, à l’occasion d’une conférence de presse.
Interrogé sur le sujet, Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique en France, estime qu’il faut rester prudent, sans s’alarmer. « La crainte, c’est une véritable mutation de la protéine Spike, c’est-à-dire celle qui permet au virus de s’accrocher. Or, celle décrite par les Anglais porte sur cette protéine, et des données suggèrent que le virus serait plus infectieux. Cela demande à être confirmé », a-t-il confié.
Sur le continent africain, le Nigeria aussi aurait détecté une nouvelle variante du coronavirus. «Cette [variante, ndlr] que nous voyons au Nigeria, et ceci est basé sur des données encore très limitées, a une mutation 501. Il semble que ce soit une souche différente, pas la même qu’au Royaume-Uni et en Afrique du Sud. Mais encore une fois, cela est basé sur deux ou trois séquences génétiques. Nous devons étendre nos études au Nigeria», a déclaré lors d’une visioconférence John Nkengasong, directeur du Centre africain de prévention et de contrôle des maladies (Africa CDC)
A noter que le laboratoire BioNTech, à l’origine du Pfizer du premier vaccin contre la Covid-19 autorisé au monde, se dit capable de fournir un nouveau vaccin en six semaines en cas de mutation confirmée du virus.