La télémédecine reste embryonnaire au Togo alors qu’elle a tous les atouts pour accélérer la modernisation du système de santé. C’est le constat posé par Dr KUTO Raymondo Sêdzro, dans sa thèse pour l’obtention du grade de « Docteur en médecine » présentée et soutenue publiquement le 27 septembre 2021, qui a révélé que « le niveau de connaissance de la télémédecine par les médecins togolais était peu satisfaisant ».
La télémédecine, longtemps estampillée violon d’Ingres de quelques illuminés, s’impose aujourd’hui comme un vecteur décisif d’évolution pour l’exercice médical. Avec la possibilité d’effacer les distances et de compacter le temps, la téléconsultation permet au médecin d’effectuer un acte aussi satisfaisant qu’en mode présentiel. Voire plus, en lui offrant des possibilités inédites : recueillir l’expertise d’un collègue spécialiste séance tenante et faire une visite à domicile sans se déplacer. Mais en la matière, les médecins togolais sont en retard.
Dans le cadre de sa thèse intitulée « Connaissances et perception de la télémédecine par les médecins togolais », Dr KUTO Raymondo Sêdzro a effectué une enquête auprès de plus 100 médecins togolais pour évaluer leurs connaissances sur la télémédecine. Au terme de l’enquête qui a duré quatre mois, les données recueillies montrent qu’il y a encore du travail à faire pour développer ce segment de l’activité médicale au Togo.
En effet, « sur les 136 médecins enquêtés, 83,82% étaient des spécialistes, 33,8% des praticiens hospitalo-universitaires. Ils exerçaient à Lomé dans 63,97% des cas, en public dans 56,62% des cas et avaient plus de 5 ans d’expérience professionnelle dans 52,94% des cas. Ils étaient 7,35% à ne connaitre aucun acte de télémédecine et respectivement 92,65%, 61,03% et 52,94% à connaitre la téléconsultation, la télé expertise et la téléassistance médicale. Une minorité connaissait la télé surveillance (43,38%) et la régulation médicale (13,97%) », a expliqué Dr KUTO Raymondo Sêdzro dans le résumé de son enquête.
Toutefois, 85,29% savent que la télémédecine est utile dans la pratique médicale et surtout qu’elle peut lutter contre la désertification médicale dans les zones rurales. Alors qu’est-ce qui explique la lenteur des médecins togolais à s’approprier la télémédecine ? « Les freins organisationnels (77,2%), les freins économiques (72,79%) et l’aspect médico-légal (52,21%) étaient les principaux freins à la pratique de la télémédecine évoqués », affirme Dr KUTO. Il faut également ajouter les difficultés liées à la connexion internet.
Malgré tout, plus de 90% des médecins togolais veulent se faire former sur la télémédecine. « Des formations continues et une sensibilisation sur les bonnes attitudes en télémédecine s’avèrent donc indispensable aux médecins pour une télémédecine efficiente et sécurisée au Togo », a conclu Dr KUTO Raymondo Sêdzro.
Notons qu’en matière de télémédecine au Togo, l’ONG AIMES AFRIQUE fait figure de pionnier. L’organisation présidée par Dr Michel KODOM a initié une application dénommée « SOS DOCTEUR », autorisée par le Ministère de la santé, qui met en réseau les professionnels de santé avec la population pour permettre à cette de consulter plus facilement dans l’optique d’une amélioration des soins.