Une retraite stratégique a réuni les premiers responsables du ministère du développement à la base, de la jeunesse et de l’emploi des jeunes, du 20 au 22 janvier 2020 à Agbodrafo dans la préfecture des Lacs. La priorité de ce département est désormais la mise en place d’un registre social unique(RSU). Ce projet est une réponse de l’Etat à la problématique de ciblage des ménages à faible revenu qui doivent bénéficier des programmes sociaux publics contre la pauvreté, caractérisés par des chevauchements et des dysfonctionnements qui en affectent l’efficience et l’efficacité.
Pour accomplir efficacement la mission qui lui a été confiée par la feuille de route du Gouvernement adoptée en 2021, les responsables du ministère se sont retirés pendant trois jours afin de redéfinir la vision, la mission, les valeurs et les engagements sur lesquels seront fondées les actions du ministère pour les 5 ans à venir. « Avec l’introduction de nouvelles méthodes de travail et de nouveaux enjeux, il était apparu nécessaire de redéfinir les priorités du ministère et de convenir sur les stratégies à mettre en œuvre pour une cohérence des interventions du ministère pour l’atteinte des objectifs qui lui sont assignés. », a indiqué le ministère.
En effet, la feuille de route du ministère pour les prochaines années porte principalement sur la mise en place du registre social unique et le renforcement des mécanismes d’appui aux TPME. Le département vient également en support sur 17 projets.
Qu’est-ce qu’un registre social unique ?
Depuis 2019, conformément à sa vision de renforcer les mécanismes d’inclusion sociale énoncée dans le Plan national de développement (PND) 2018-2022, le gouvernement a décidé de mettre en place un système d’informations composé d’une base de données recueillant les profils et les caractéristiques socio – économiques et démographiques des ménages du Togo : Le Registre social unique.
La démarche de ce nouvel outil dans le paysage des actions de développement au Togo, c’est d’abord de connaitre les réalités socioéconomiques des populations vulnérables, et ensuite leur adapter des prestations sociales plus pertinentes. En effet, le Registre social unique est un mécanisme de ciblage social dont les avantages sont attendus par toutes les parties prenantes impliquées dans la réforme des filets sociaux.
Son adoption n’est pas une fin en soi. Outil technique, il est au service d’une finalité première, celle de gérer l’affectation des ressources publiques consacrées à la lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité, dans un double souci d’efficacité et d’équité. L’atteinte de cette finalité est conditionnée par la disposition d’une base de données sociale fiable, d’une sélection rigoureuse des populations cibles, d’une gouvernance transparente du système et d’un mécanisme de suivi de l’impact des programmes ciblés.
Selon Ferdinand Koffi GANI, Directeur de cabinet du ministère de l’action sociale, de l’alphabétisation, de la promotion de la femme, président du comité provisoire RSU, l’effet conjugué desdits projets a permis au Togo de réaliser un bond qualitatif de 5,2 points sur l’incidence de la pauvreté entre 2011 et 2017. Devant la profusion des actions de développement au Togo, chaque programme, chaque projet élabore ses propres critères d’identification et de ciblage des pauvres… « C’est dans ce contexte que le gouvernement a développé, avec l’appui de l’UNICEF et du BIT, une stratégie nationale d’identification des ménages pauvres ; une stratégie validée en 2016, avec comme corollaire, l’élaboration d’un registre social unique (RSU) à caractère national » : a-t-il précisé.
En effet dans la lutte contre la pauvreté et l’appui aux ménages défavorisés, le gouvernement et ses partenaires ont élaboré différents programmes. Sauf qu’il est presque impossible pour l’Etat « de savoir quels ménages reçoivent quels services, d’orienter le soutien vers les ménages les plus nécessiteux, de profiter des synergies qui pourraient être créées entre les programmes et d’éliminer les doublons et les fraudes », rappelle un spécialiste en Politique de développement. « C’est donc pour corriger cela que le gouvernement togolais, avec l’appui de la Banque mondiale, s’est donné les moyens de disposer de cet outil essentiel en vue de rendre ses politiques sociales plus efficaces », a expliqué Mazalo Katanga, directrice générale de l’ANADEB (Agence nationale pour le développement à la base).
En définitive, le Registre social unique est un élément crucial pour la mise en place d’un système de suivi des programmes sociaux. En cette période de conjoncture particulière, liée à la pandémie du Coronavirus et la crise socio-économique qui en a résultée, le chantier du Registre social unifié se positionne aujourd’hui comme une nécessité qui ne peut plus être reportée. Mais, selon les spécialistes, la réussite du RSU suppose son ancrage dans une réforme du système des filets sociaux protégeant les ménages pauvres et vulnérables des risques actuels et futurs. Autrement, ce nouveau dispositif risquerait de ne pas produire les résultats escomptés.