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Cancer du col de l’utérus : Le vaccin représente-t-il un danger pour les filles ?

Au Togo, le vaccin cervarix utilisé pour vacciner les adolescentes (9-13 ans) contre le cancer du col de l’utérus est au centre d’une petite polémique. Alors que certaines organisations appellent à la prudence, les autorités en charge de la santé attestent de la sureté du vaccin.

Lundi 28 novembre, le  ministère de la santé avec l’appui des partenaires comme le Fonds des Nations unies pour l’enfance  (Unicef), l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et Gavi a lancé une campagne de vaccination contre le virus du papillome humain, responsable du cancer du col de l’utérus, qui fait des ravages dans le pays. Les cibles sont les filles de 9à 13 ans.

Cette campagne qui se déroule dans les établissements scolaires et les formations sanitaires en prélude à l’intégration de cette vaccination dans le programme de vaccination de routine a suscité quelques réactions. En effet, la Ligue des consommateurs du Togo (LCT) a dans un courrier adressé au ministre de la santé a demandé de la prudence. Pour cette association, il est important de s’assurer de son efficacité, de sa sécurité et de son adéquation pour une tranche d’âge spécifique.

« Les souvenirs des conséquences de l’administration précipitée aux populations de toute une panoplie de vaccination contre la Covid-19 ainsi que des révélations qui s’en sont suivies restent vivaces dans les mémoires collectives et justifient la peur des parents à l’annonce de cette campagne de vaccination par votre ministère », écrit Emmanuel Sogadji, président de la LCT au ministre Professeur Moustafa Mijiyawa.

Polémique inutile ?

Pour les autorités, le vaccin Cervarix utilisé lors de cette campagne ne présente aucun danger pour les cibles. « Le vaccin Cervarix est un vaccin efficace, avec peu d’effets indésirables », a assuré Dr Nayo-Apetsianyi Josée, Directrice générale des études, de la planification et de l’information sanitaire.

Que sait-on de la vaccination contre les papillomavirus, seize ans après la première commercialisation du Gardasil (l’autre vaccin utilisé contre le cancer du col de l’utérus) et quatorze ans après celle du Cervarix ? Depuis 2006, plus de 500 millions de doses de vaccin ont été distribuées dans le monde, rappelait l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en décembre 2022. L’OMS est rassurante sur leur innocuité : « La surveillance posthomologation n’a relevé aucun problème de sécurité grave à ce jour, à l’exception de rares cas d’anaphylaxie ». L’anaphylaxie est « la manifestation la plus sévère de l’allergie », selon l’Inserm.

Une polémique était née en 2013 au sujet du Gardasil, après que neuf femmes avaient déposé plainte contre X. Elles s’interrogeaient sur la survenue de certaines maladies après la vaccination. La plainte avait finalement été classée sans suite en 2015.

En septembre 2015, l’Assurance maladie et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé avaient écarté une association entre la vaccination et la survenue d’une maladie auto-immune, après avoir étudié une cohorte de 2,2 millions de filles âgées de 13 à 16 ans. Les deux institutions avaient noté « une augmentation du risque de syndrome de Guillain-Barré après vaccination contre les infections à HPV » est « probable », tout en notant que « ses conséquences sont limitées (1 à 2 cas pour 100.000 filles vaccinées) compte tenu de la rareté de la maladie ».

L’OMS, s’appuyant sur plusieurs études internationales, écarte également un quelconque lien entre ces vaccins et la survenue de maladies auto-immunes : « Les données indiquent de manière rassurante que la vaccination antipapillomavirus humains n’augmente pas le risque de syndrome de Guillain-Barré, de paralysie de Bell, de syndrome douloureux régional complexe ou de syndrome de tachycardie orthostatique posturale ». Il n’y a pas non plus de lien constaté entre cette vaccination et l’infertilité, ajoute l’institution internationale.

Une maladie silencieuse

Un cancer du col de l’utérus est une maladie qui débute avec l’infection par un papillomavirus oncogène des cellules de l’épithélium qui recouvre la muqueuse du col de l’utérus. Dans la majorité des cas, l’organisme élimine cette infection. Mais si l’infection se prolonge, des lésions précancéreuses peuvent apparaître. Les lésions dites de haut grade présentent un risque élevé d’évolution vers un cancer invasif. Cette évolution est lente puisqu’un cancer apparaît généralement 10 à 15 ans après l’infection persistante par le virus. Ce cancer reste aujourd’hui extrêmement grave et difficile à traiter.

En résumé, si l’infection par un papillomavirus, très fréquente, entraine rarement un cancer du col de l’utérus, à l’inverse tous les cancers du col de l’utérus sont secondaires à une infection persistante par un papillomavirus, elle-même suivie d’une lésion pré-cancéreuse. C’est la raison pour laquelle il est recommandé aux femmes de réaliser un dépistage du cancer du col par la réalisation d’un frottis cervico-utérin, qui consiste à prélever des cellules à la surface du col de l’utérus pour rechercher des lésions pré-cancéreuses. Pour supprimer ces lésions et donc éviter l’apparition d’un cancer, il faut enlever une partie du col de l’utérus. Cette intervention chirurgicale, appelée « conisation », n’est pas anodine : elle constitue une véritable mutilation physique et peut avoir des conséquences sur la grossesse.

Au niveau mondial, le cancer du col de l’utérus est au second rang des cancers de la femme et au premier rang en termes de mortalité, principalement dans les pays en voie de développement. Au Togo, selon les chiffres communiqués par le ministère de la santé, chaque année près de 600 femmes sont infectées par  le virus du papillome humain (VPH), le virus à l’origine du cancer du col de l’utérus. Plus de 400 femmes décèdent des suites de la maladie. Dans  le pays, selon le ministère togolais de la santé, en 2022 près de deux millions de femmes en âge de procréer au Togo étaient à risque de développer le cancer du col de l’utérus.  C’est le deuxième cancer le plus foudroyant chez les femmes togolaises juste derrière celui du sein.

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