Bien qu’en constante évolution, l’élevage au Togo reste caractérisé par une faible productivité (élevage extensif, fondé sur la mobilité saisonnière des animaux) et n’est pas encore en mesure de soutenir les taux de croissance souhaités par les pouvoirs publics. L’amélioration de la productivité passe par le choix des espèces.
Pour ce faire, les chercheurs de l’Itra conseille notamment le mouton Djallonké. Trypanotolérant, le mouton Djallonké, capable de se reproduire tout au long de l’année est une espèce à cycle court adaptée aux conditions climatiques du Togo. Ses performances de production varient en fonction des systèmes d’élevage.
La prolificité (nombre de naissances sur le nombre de mères ayant mis bas) va de 110% à plus de 140%, mais les productivités numérique annuelle (nombre d’agneaux) et pondérale (gain de poids) sont faibles à cause des mortalités et de la mauvaise croissance des agneaux. Cette croissance est très variable au cours d’un cycle, ou chez une même brebis à différentes périodes.
À travers une étude, une équipe de recherche de l’Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA) s’est intéressée aux facteurs liés à la brebis et qui influencent le poids à la naissance et la croissance des agneaux avant sevrage.
L’étude a porté sur 364 agneaux nés de 40 brebis issues de la génération de février-mars 2008 à la station de Kolokopé. Neuf cycles de reproduction ont été organisés avec ces brebis sur 7 ans (2009 à 2016). À la naissance, les agneaux ont été enregistrés dans une fiche de déclaration de mise bas et de pesée des agneaux.
Les taux moyens d’avortement, de mortalités à un mois, un mois et le sevrage, et au sevrage observés, étaient de 3,01%, 5,49% et 4,19% respectivement. Le poids vif corporel moyen des agneaux à la naissance était de 2,23 ± 0,39 kg et les vitesses de croissances moyennes GMQ10-30 et GMQ30-70 étaient respectivement 111,25 ± 42,12 et 86,80 ± 35,69 g. La différence de poids vif corporel de 0,1 kg entre les mâles (2,10kg) et les femelles (2,34 kg) était significative. Le mode de naissance a eu aussi un effet significatif sur le poids vif corporel à la naissance et le GMQ30-70.
« Il ressort que le faible taux de fertilité des brebis (nombre de brebis ayant mis bas sur le nombre de brebis accouplées) est compensé par leur forte prolificité. Les facteurs comme le rang de mise bas des brebis, le sexe, le mode de naissance influencent la mortalité et les paramètres de croissance et pondéraux avant sevrage des agneaux», analysent les chercheurs du programme National Ovins Caprins (PNOC) de l’ITRA, logé au Centre de Recherche Agronomique Savane Humide (CRASH) de Kolokopé.
L’étude a également montré qu’au-delà de 7 ans, les brebis ne sont plus productives. Alors les chercheurs recommandent une reforme systématique des brebis âgées de plus de 7 ans pour réduire le taux de mortalité et améliorer de facto la prolificité du troupeau.
« Bien sûr que ces brebis de 7 ans et plus peuvent donner beaucoup de petits mais ceux-ci meurent beaucoup. Cette mortalité s’explique par le fait qu’à plus de 7 ans, les moutons ont les dents usées et elles n’arrivent plus à bien brouter de l’herbe et alors elles n’ont pas assez de bon lait pour nourrir suffisamment les petits nés», soutient l’équipe de recherche.
Il convient de rappeler que les conditions d’élevage englobent l’habitat, l’alimentation, la santé et la gestion de la reproduction des animaux. Mais en milieu paysan, et pour la plupart des élevages, les animaux sont laissés en divagation temporaire (en saison sèche après les récoltes) ou permanente. Ce qui rend difficiles la complémentation alimentaire, le contrôle sanitaire, la gestion de la reproduction, etc. « Pour l’amélioration de l’alimentation, nous conseillons d’ajouter des compléments alimentaires surtout des résidus agricoles et/ou des sous-produits agricoles, ou des sous-produits de transformations agroindustrielles ou artisanales. Nous avions par exemple formé les éleveurs commerciaux de petits ruminants à la production des plantes fourragères, à la technique de traitement de la paille de riz à l’urée. Les fanes d’arachide, les fanes de niébé, les rafles et les spathes de maïs, les drèches de bière locale, les drèches de bière de brasserie, les sons de soja, les cosses de niébé ou de soja, les coques d’arachides, les épluchures de manioc et d’igname, etc. peuvent aussi être utilisés», confient les chercheurs.
Dans un élevage où les animaux sont bien logés, nourris, soignés et avec l’utilisation de géniteurs performants, la prolificité s’améliore, la mortalité des petits baisse et on assiste à une croissance de la productivité tant numérique que pondérale, ont-ils conclu.