La consommation des stupéfiants est devenue un sérieux problème de société au Togo. Ce fléau affecte de plus en plus de jeunes même jusque dans les établissements scolaires. Selon certaines organisations, la situation devient « alarmante ».
La consommation de drogues et d’alcool est un problème majeur de santé publique dans de nombreux pays. En 2020, selon une enquête menée par l’Alliance nationale des consommateurs et de l’environnement au Togo auprès de 500 jeunes de 12 à 24 ans, une majorité d’entre eux consomment de l’alcool et près de 20% se droguent. 64,11% des sondés reconnaissent boire régulièrement de l’alcool, 17,94% prendre de la drogue et 8,27% fumer des cigarettes. S’agissant des stupéfiants, il s’agit principalement de cannabis et de Tramadol (un antalgique opioïde d’action centrale, agissant sur le même type de récepteur que la morphine).Mais 17,4% assurent consommer aussi de la cocaïne. La pratique est donc très répandue chez les jeunes de moins de 25 ans.
Plus inquiétant, Le fléau a atteint les milieux scolaires où il devient source d’angoisse pour les acteurs en lutte contre la consommation de la drogue. « Je dirai que la situation est alarmante aujourd’hui dans tous les milieux, mais particulièrement dans les milieux scolaires. Ce que nous voyons c’est qu’il y a une précocité. Les enfants commencent à consommer les substances psychoactives à un âge très jeune. Il est nécessaire d’intervenir vite, mais d’intervenir bien avec des programmes adaptés qui intéressent les enfants», a expliqué Touré Khadija Catherine présidente de l’Ong Recherche Action Prévention Accompagnement des Addictions.
Ce constat est partagé même au niveau du gouvernement. «En effet, le phénomène est d’autant plus inquiétant qu’il touche également les écoles et les conséquences psychosociales et sanitaires attachées à la consommation de telles substances sont avérées et de nature à compromettre l’efficacité des actions volontaristes du gouvernement en faveur de la jeunesse. A cet égard, il est constaté, avec une constance préoccupante, que des groupes d’individus y compris des élèves introduisent de l’alcool, des produits psychoactifs dissimulés sous plusieurs aspects, notamment sous la forme de confiseries, et incitent leurs camarades à leur consommation », a souligné dans un communiqué Dodzi Kokoroko, ministre des Enseignements primaire, secondaire et technique et de l’Artisanat.
La situation est tellement inquiétante qu’une communication y a été consacrée lors du conseil des ministres du 11 janvier 2023, le premier conseil de l’année. L’objectif du gouvernement est de « définir une stratégie destinée à empêcher l’accès des jeunes aux substances toxiques et nocives au Togo », a indiqué le conseil des ministres. A en croire, le ministre de la jeunesse, Myriam Dossou, « des réflexions sont en cours au sein du comité multi acteurs mis en place à cet effet. Elles permettront de disposer dans les prochaines semaines d’une stratégie intégrée de prévention et d’accompagnement psychosocial de proximité, y compris la mise en place des centres d’écoute et les comités de vigilance au niveau scolaire ».
« Seule une mobilisation d’ensemble permettra d’enrayer le phénomène », a martelé Touré Khadija Catherine présidente de l’Ong Recherche Action Prévention Accompagnement des Addictions.
