Les mariages coutumiers sont encore des formes d’union très prisées par de nombreuses peuplades en Afrique et le Togo n’est pas une exception. Cependant, les normes culturelles et coutumières qui garantissent ces unions ne sont pas forcément respectueuses des droits des femmes.
Au Togo dans plusieurs communautés, lorsqu’un homme venait à perdre la vie, son épouse loin de pouvoir se remarier selon son propre désir devait attendre que sa belle-famille lui désigne « son nouvel époux ». Dans la majorité des cas, il s’agit du frère du défunt mari. Cette pratique est baptisée le lévirat. « Contrairement aux idées reçues, c’est une forme de mariage forcé ! Pire, cette pratique coutumière est combinée à la polygamie car le plus souvent le frère qui « hérite » de la veuve est soit déjà marié à une ou plusieurs femmes dans la limite autorisée par la coutume », explique Mana Agbossou membre d’une organisation qui lutte pour le droit des femmes.
Pour les sociétés attachées à leurs croyances, le lévirat est une pratique qui permet de renforcer les liens de parenté et éviter l’éclatement du tissu familial. Il permet, selon la coutume, d’assurer l’éducation et les soins des enfants du défunt frère et éviter aux familles de tomber dans l’indigence ainsi que la prostitution pour la veuve. L’un des inconvénients de cette pratique est le fait que la femme n’est souvent pas consentante au moment de contracter la nouvelle union. Elle subit des traumatismes psychologiques car vivre avec le frère du défunt mari comme époux, paraît pour les femmes, difficilement supportables. La femme, au même titre que les biens matériels laissés par le défunt mari devient en quelque sorte un bien familial dont on peut disposer sans rendre compte.
Ainsi, le lévirat est une pratique considérée comme rétrograde par les défenseurs des droits de l’Homme car elle ne valorise pas les droits universellement attachés à la personne humaine. « La femme ne peut être chosifiée au nom de la tradition », peste Mme Agbossou. En effet, la liberté de choisir son/sa conjoint(e)/partenaire ou de la manière de la manière de mener sa vie doit être garanti et non nié à la femme qui doit jouir des mêmes droits que l’homme. Une telle pratique remet en cause le respect des droits des femmes.
Face à ce phénomène de société, de plus en plus de militants des droits de l’Homme et les Organisations féminines militent pour une élimination progressive du lévirat en tant qu’institution qui dénie certains droits aux veuves. Leurs actions consistent notamment à des sensibilisations pour une meilleure prise de conscience des conséquences néfastes de la pratique du lévirat imposée à la femme.
Pour rappel, le lévirat est une pratique qui favorise la propagation du VIH-SIDA et certaines maladies héréditaires ou consanguines. Les cas d’autopsie étant rares après les décès dans la coutume togolaise, le lévirat est un facteur favorisant la propagation de certains maux. Au-delà, rien ne garantit une stabilité dans la nouvelle famille recomposée. Les premières épouses et les enfants nés des premières unions pouvant se montrer très hostiles envers la nouvelle venue et ses enfants.