La saison des pluies n’est pas encore au rendez-vous. Mais, à Lomé comme dans d’autres localités du Togo, ce mois de mars enregistre de fortes précipitations avec leurs lots de conséquences. A part les quartiers, les maisons qui se retrouvent sous l’eau, il y a aussi les marchés, là où la majeure partie des gens viennent chercher leurs pitances quotidiennes. Le marché de Hédzranawoe communément appelé “Assiyéyé” a fait les frais de la pluie du jeudi 21 mars dernier et ce n’est pas la première fois.
Au marché de Hédzranawoe, la pluie du 21 mars 2019 a elle aussi, laissé des traces. Une bonne partie du marché est sous les eaux. Cette partie, sud-ouest du marché réservée aux vendeurs de friperie où les étalages sont fabriqués, pour la plupart, à base de matériaux de fortune ne résiste pas à la pluie. Plus de 24 heures après la pluie, les allées sont toujours inondées. C’est dans une eau sale qui arrive au niveau des mollets que les commerçants se démènent. D’ailleurs certains qui ont vu leur site inondé ont décidé de prendre un peu de congé. “C’est la même scène pratiquement à chaque pluie”, dixit un commerçant visiblement désespéré.
Les commerçants entre colère et exaspération
Comme plusieurs de ses collègues vendeurs de friperie, Charles a les pieds sous les eaux. Ce jeune togolais, la trentaine, opère dans ce marché depuis plus de 5 ans. Pour se rendre sur son lieu de travail ce jour-là, il a dû acheter des bottes « pour se protéger ». « Depuis que je suis dans ce marché, c’est toujours la même chose. Dès qu’il pleut nous avons deux options : rester à la maison ou venir commercer dans l’eau. D’ailleurs quand il pleut, le lendemain nous avons à peine, quelques clients. Ils ne veulent pas venir dans cette eau très sale », nous raconte-t-il. En nous montrant l’étendue de l’eau, le jeune homme dit sur un ton sévère : « Regardez, nous sommes en colère ».
« Tout le temps, ils nous disent qu’ils (ndlr les responsables du marché) travaillent mais le problème d’inondation persiste. S’ils sont à notre place, est-ce que cela leur fera plaisir ? », s’interroge Uché, un Nigérian, vendeur de friperie en gros. « Tous les vendeurs sont très en colère et à chaque fois qu’on échange avec les responsables du marché, ils nous donnent des explications qui ne rassurent pas », a lancé un vendeur depuis son étalage.
Les responsables du marché expliquent…
D’après Djibril Tchagbeleh, Directeur adjoint du marché, le problème a commencé lors de la construction du boulevard du Haho, qui longe le marché sur plusieurs mètres. « En principe, au moment de faire les travaux, il fallait trouver une issue pour les eaux. L’entreprise en charge des travaux a promis de creuser un bassin pour la rétention d’eau mais le bassin creusé n’arrivait pas à contenir les eaux. Elle devrait placer un tuyau pour conduire les eaux jusqu’au fleuve Zio », a expliqué M. Tchagbeleh.
Depuis, selon les dires du directeur adjoint, les premiers responsables ont entamé des démarches auprès du ministère de infrastructures pour que solution soit trouvée. Et à en croire, M. Tchagbeleh, « des techniciens envoyés par le ministère des infrastructures sont venus sur le terrain récemment ».
Sa version est corroborée par les dires des vendeurs de friperie. Une des personnes rencontrées l’a confirmé. « Effectivement, affirme Charles, j’ai vu un Blanc en train de prendre des mesures là où le marché est inondé mais je me suis dit que c’est pour nous tromper parce que ça a trop duré ». « Les travaux vont commencer incessamment », rassure le Directeur adjoint. « Du moment où nous percevons les taxes, nous devons satisfaire les vendeurs. Nous avons aussi des devoirs envers eux. C’est pourquoi quand des situations de ce genre arrivent, nous échangeons avec eux. Si le coût des travaux n’était pas élevé, l’Etablissement public et autonome pour l’exploitation des marchés (EPAM) allait s’en charger. Mais ça dépasse nos capacités », avoue le directeur adjoint.
En attendant les travaux, les commerçants du marché de Hédzranawoe doivent encore prendre leur mal en patience surtout que cette année la saison des pluies risque d’être particulièrement rigoureuse.
Assou A.
