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Acheminement des produits vivriers vers Lomé : La route, l’autre calvaire des transporteurs

Pour nourrir Lomé et ses 2 millions d’habitants environ, une partie des produits alimentaires proviennent de l’hinterland. En effet,  la capitale togolaise dépend largement de l’arrière-pays pour son approvisionnement alimentaire. Mais très souvent ces localités sont difficiles d’accès surtout à cause du réseau routier dégradé.

Au Togo, la production vivrière représente une part importante de l’agriculture nationale. Afin d’en assurer une production suffisante pour garantir la sécurité alimentaire, le gouvernement a mis en place depuis 2011 un vaste programme quinquennal d’investissements dans le secteur agricole. Une initiative reconduite pour les dix prochaines années au regard des résultats satisfaisants obtenus au terme du premier quinquennat, notamment l’autosuffisance alimentaire.

Grande potentialité de production…

Selon son rapport de mars 2018 sur les politiques d’intégration économique de l’Uemoa, la Bceao a indiqué que la production vivrière s’est améliorée de 7% au terme de la campagne 2017/18. Aussi, à en croire un rapport de la FAO, le Togo couvre ses besoins nationaux céréaliers et se trouve même parfois en position excédentaire.

A titre d’exemple, selon de récents chiffres communiqués par l’Institut national de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED, la production fruitière du pays en 2017 est de l’ordre de 560 000 tonnes, dont la principale spéculation est la mangue (66%) et entre 2013 et 2017, la production de légumes est passée de 21 687 à 37 215 tonnes. Cependant, la disponibilité des fruits et légumes est confrontées aux pertes et dégâts enregistrées dans les champs de l’ordre de 12 à 20% et aux détériorations lors de la distribution allant de 20 à 50% de la production totale. Ainsi sur près de 560 000 tonnes de production, la quantité de fruits et légumes réellement disponible serait d’environ 270 000 tonnes.  C’est donc presque la moitié de la production qui est perdue

« Pour que ce secteur soit un véritable pourvoyeur d’emplois et de richesses, il faut améliorer le circuit de transformation et de conservation ainsi que les réseaux routiers », a recommandé Oyétoundé Djiwa, chargé de programme au bureau de la FAO au Togo. En effet, la majorité des localités productrices de produits vivriers ont  un réseau routier dont l’état est alarmant : routes abîmées et chemins chaotiques.

Danyi, Illico et Aklakou, trois localités même réalité…

La préfecture de Danyi est distante de Lomé la capitale du Togo de 185 km. On y accède par une voie bitumée en passant par Kpalimé de 45 km. C’est une zone montagneuse et très accidentée. La route est en mauvais état depuis plusieurs années. Pourtant, c’est l’une des grandes localités productrices de produits vivriers du pays. Dans le milieu, on produit non seulement diverses variétés de fruits tels que l’orange, bananes, avocats, mangues, ananas mais aussi des tubercules comme l’igname et le manioc.

Pour acheminer ces produits vers la capitale, commerçants et agriculteurs doivent affronter des routes en délabrement. « De nombreux villages ne sont accessibles que par le biais de petits sentiers étroits et chaotiques. Puisqu’il est quasiment impossible de se croiser sur ces chemins de montagne, les conducteurs ont tous pris l’habitude de klaxonner de manière très régulière afin d’être entendus par quiconque arriverait en face, au détour d’un virage. Sur ces routes de montagnes, il faut également s’attendre à croiser de nombreux camions, sortant des champs, pleins à craquer d’ananas, de bananes, de maniocs ou d’ignames, ramenant leur cueillette dans les grandes villes situées en aval. Ces trajets sont dangereux », explique, Kossi, ressortissant de Dzogbégan, l’un des villages de Danyi. « Sur ces routes, les véhicules risquent de basculer à chaque tournant pas à cause du poids de marchandises mais de l’état défectueux de la voie. Nous risquons nos vies en permanence. On finit par s’y habituer », confie Maman Adjoa, revendeuse de fruits au marché communément appelé « Le Togo».

Toujours dans la région des plateaux, se trouve le village de Illico situé à une trentaine de Kilomètres d’Atakpamé. Pour se rendre dans ce village, reconnu pour la qualité de son fonio et d’autres produits vivriers, il faut emprunter une route sinueuse non goudronnée jalonnée d’obstacles à plusieurs endroits. « Une partie de la route est en réfection depuis des mois mais les travaux trainent, on ne comprend pas pourquoi »,  se plaint Massan, commerçante de fruit à Agbonou.

Le jeudi 10 octobre, cette commerçante a vu son véhicule tomber en panne sur la voie en pleine forêt la nuit. « On revenait du village, le véhicule s’est soudainement arrêté. L’un des pneus de l’engin s’est bloqué dans un trou que le conducteur n’a pu éviter. On a perdu plusieurs heures sur place et une partie des fruits que nous avons achetés  n’a pas pu résister  à la chaleur. Cela constitue pour nous d’énormes pertes», raconte  Massan.

Même dans la région maritime, la partie la moins accidentée du pays, la situation n’est pas meilleure. A Aklakou, localité située à 15 km à l’est d’Aného, les populations produisent massivement de la tomate. Mais l’état du Aného-Aklakou-Avévé décourage les commerçants de se rendre dans les différents villages pour acheter les produits. « La tomate produite ici est de bonne qualité mais on ne vient pas souvent acheter. Vous savez pour transporter les tomates, il faut des véhicules adaptés nous n’en disposons pas. Avec les petits véhicules, on va se retrouver avec des tomates transformées en purées à la fin  du trajet à cause des secousses », affirme un commerçant de tomate. Faute de clients, les producteurs locaux sont obligés d’abandonner les tomates dans les champs. « On préfère les laisser pourrir dans le champ que de perdre notre temps à les cueillir.   Si la route est bonne, cela va réduire le prix de transport et nous-mêmes on peut amener nos tomates à Vogan, Aného ou à Lomé », nous explique un cultivateur résidant dans le village de Hlandé.

« L’agriculture togolaise demeure le moteur du développement de l’économie grâce aux potentialités agronomiques et édaphiques don’t regorge le secteur agricole. Elle emploie 96% des ménages ruraux avec près de 54% de la population active. En outre, elle contribue à hauteur de 40% à la formation de la richesse nationale et génère plus de 20% des recettes d’exportation », indiquait déjà en 2014, le rapport du Recensement national de l’agriculture. Elle tient donc un rôle important non seulement dans les bonnes performances économiques du pays mais aussi dans la lutte contre la pauvreté en milieu rural. Ce rôle pourrait encore être plus prépondérant si une moitié des produits vivriers n’est pas perdu notamment à cause de l’état désastreux du réseau routier dans certaines régions.

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